Regards croisés avec Thierry Chevallereau, directeur du Groupement d’employeurs Solutions compétences à Châtellerault. L’entreprise met à disposition de ses adhérents des compétences selon leurs besoins grâce à un vivier de salariés embauchés par le Groupement.
Tout bouge très vite
Tous les secteurs que ce soit l’agriculture, comme le bâtiment ou la restauration, l’industrie, la santé,… peinent à recruter. Les structures qui accompagnent les employeurs se mobilisent avec eux pour répondre aux mieux à leurs besoins. Mais tout a changé, tout bouge très vite maintenant, nous ditThierry Chevallereau, directeur du Groupement d’employeurs Solutions compétences à Châtellerault. Chaque année30% de nos salariés nous quittent, captés par nos propres adhérents qui recrutent en direct nos salariés qualifiés. Les sites de groupes internationaux qui sollicitent nos territoires avec un projet de développement doivent étudier la faisabilité ici, maintenant et tout de suite, sinon, le groupe peut reporter son projet à un autre endroit de la planète. Cela bouge, et cela bouge vite, nous obligeant à être très réactifs, acteurs économiques comme acteurs du territoire (collectivité).
Pôle emploi, une précieuse collaboration
Malgré les grosses difficultés actuelles pour trouver des candidats, pour trouver des solutions/alternatives, il faut rappeler que Pôle emploi est la plus grosse banque de CV ! Il nous revient, groupement et chacun de ses adhérents, d’être le plus précis possible dans nos critères de recherche et nos besoins en compétences. Cela renforce l’efficacité de l’appui apporté par Pôle emploi.
Il faut innover … mais qu’est-ce qui empêche l’innovation ?
A l’heure où tous les secteurs sont en tension en termes de recrutement, la question n’est pas d’additionner les entreprises, les lieux, les dates, les compétences recherchées pour trouver une solution ! Il faut innover ! Mais pas si simple à faire … quels sont les freins ? Thierry Chevallerau évoque la démarche Ciompétences + et la cellule Explor, dédiée à l’innovation. Les chefs d’entreprises qui la composent, évoquent clairement les difficultés de recrutement, les difficultés de management et les difficultés d’organisation. Il faut donc prendre de la hauteur, faire de la prospective. Mais il faut vraiment partir des entreprises afin de s’assurer qu’elles soient impliquées par la suite. Nous avons identifié un échantillon d’entreprises représentatives et nous les avons questionnées pour savoir leurs besoins en compétences à 3-5 ans, en nombre de personnes. Cela nous donne un cap pour préparer nos actions, rajoute Thierry Chevallereau. Actuellement, il faut agir sur tout et en même temps.
Nous avons questionné les salariés en place pour comprendre et mesurer la teneur de leur engagement
Les trois difficultés identifiées que sont le recrutement, le management et l’organisation au sein des entreprises nous ont poussé à cibler comme objet de travail : les salariés et les relations humaines. Il est vite ressorti que le souci que l’on avait dans les entreprises était l’engagement : on constatait qu’il y avait de moins en moins d’engagement de la part des salariés. Si on voulait demain progresser, réussir, il fallait qu’on développe l’engagement. Le groupement d’employeurs Solutions compétences a donc conduit une enquête auprès de salariés, de demandeurs d’emploi, et de candidats atypiques (personnes ayant des troubles comme l’hyper activité, l’hyper sensibilité, ou les hauts potentiels …) : est-ce que j’étais plus engagé hier ? comment je me sens engagé aujourd’hui ? et comment je me projette demain en matière d’engagement ?
On s’est rendu compte qu’il y a inadéquation entre l’offre et la demande
En écoutant les besoins et les attentes exprimé.e.s nous avons pu constater des inadéquations. J’ai l’habitude de dire que le « donneur d’ordre » a changé de main, nous dit Thierry Chevallereau : hier le chef d’entreprise choisissait qui il voulait recruter, aujourd’hui, c’est « on recrute ceux qui veulent bien travailler chez nous ». Cette situation n’est pas des plus confortable, les chefs d’entreprises ne sont pas toujours prêts, habitués, formés pour rebondir dans un tel schéma.
Mais c’est partout pareil ! Du coup, « les métiers en tension » est une formule qui n’est sans doute plus très adéquate pour avancer puisque tous les métiers sont maintenant en tension.
Une piste pour rebondir ? Ne pas attendre que l’autre change !
Si on regarde toujours de la même façon et qu’on agit toujours de la même façon, il y a peu de chances pour qu’en face les gens agissent différemment.
C’est un parti pris du groupement d’employeurs Solutions compétences : si on veut que les choses changent, ce n’est pas en attendant que les candidats salariés et autres, changent, mais c’est bien parce que nous, on va changer quelque chose chez nous dans notre manière de faire et d’agir, qu’il y aura plus de chances que cela puisse fonctionner.